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18 août 2012 6 18 /08 /août /2012 17:58

Un talweg  est un terme d'origine allemande, formé des deux substantifs Tal, signifiant « vallée », et Weg, signifiant « chemin », littéralement « chemin de vallée ». En français, ce serait plutôt « ligne de collecte des eaux ». Les talwegs sont en grande majorité modelés par l’érosion fluviale et fréquemment occupés par le réseau hydrographique. A Saillancourt, il n’est pas surprenant que la rue principale se nomme justement ″Rue de la Vallée″.

 

Le talweg de Saillancourt est le résultat d’un long processus d’érosion dans un contexte géologique particulier puisque l’on se situe à la terminaison de l’anticlinal de Vigny. La morphologie actuelle ressemble à un demi-cône, entaillé par le ru qui collecte les eaux de ruissellement s’écoulant depuis le plateau le long des versants.

 

Saillancourt - 5 - 1 

 

 Saillancourt - 5 - 2

 

 

Saillancourt - 5 - 3 

 

 

 

 Saillancourt - 5 - 4

 

 

En raison des précipitations de plus en plus violentes, liées aux changements climatiques, lors de violents orages, le talweg peut en quelques minutes, collecter des quantités importantes d’eaux capables de provoquer des inondations.

  

Quelles sont les conséquences  sur l’urbanisme ??

 

Saillancourt a été inondé à plusieurs reprises au cours des décennies précédentes. Une enquête publique de juin 2011 publiée en août 2011, recense les plus récents événements (Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux du bassin versant de L’Aubette de Meulan – JP Charollais Commissaire enquêteur, en date du 26 août 2011).

Parmi les témoignages inscrits dans ce rapport on pourrait ajouter celui de Mr Pétraszko, qui connait  l’histoire de la maison du 7 rue de la Goupillère et a souvent raconté le désastre de cette fin de journée du 8 juillet 1975.

 « Les orages ont commencé en fin de journée. Ils se succédèrent sans discontinuer jusque vers 22 heures. Rue de la Goupillère l’eau descendait comme les ″chutes du Niagara depuis le plateau. L’eau dans la cour des voisins, Mr et Mme Wilfer, atteignait plus de 80 cm, et la pression contre le mur du jardin était telle que des jets d’eau boueuse jaillissaient entre les pierres à travers les joints. Le lendemain le nettoyage de la boue accumulée au rez-de- chaussée de la maison commença à la serpillère et se termina … au jet d’eau ».

Mr Pétraszko décrit aussi l’attitude des animaux de Mr Mantovani, rue de la Vallée : « Ils étaient tous, le groin en l’air  juste au-dessus de l’eau, attendant sans bouger, dans le plus grand calme, que l’eau arrête de monter…».

 

Avec jusqu’à un mètre d’eau dans les maisons, cette journée fut un véritable traumatisme pour toutes les personnes touchées, mais il est surprenant que les années ayant passé, la mémoire collective n’en tire pas les conséquences.

 

Conscient des risques environnementaux, il s’agit de rappeler aux responsables municipaux la spécificité de Saillancourt et les conséquences en termes d’urbanisme (construction & circulation).

 

La première responsabilité publique consiste à protéger les personnes et les biens et bien évidemment à ne pas placer des habitats locatifs dans une zone inondable.

 

Doit-on ne rien dire en attendant la prochaine inondation ou essayer de faire ″quelque chose″, en pensant à la phrase de Paul Valéry : « La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde ».

 

Cet article publie des extraits des courriers échangés avec la mairie, depuis janvier 2011, de Mr et Mme Herbin 7 rue de la Goupillère.

 

 

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Le 10 Janvier 2011, Monsieur le Maire

  

Mon propos concerne la sécurité face aux risques naturels, et, à ce titre, je soumets à votre connaissance le site Terre.tv  http://www.terre.tv/fr/973_faire-face-aux-risques-naturels-et-technologiques-majeurs.

 

Je souhaiterais aborder un sujet fondamental concernant la vulnérabilité de notre environnement en cas de pluies abondantes du fait de la situation topographique si particulière du hameau de Saillancourt avec sa morphologie en cuvette et souligner que la mise sous buse du ru augmente l’importance et la gravité du risque en empêchant, d’une part, toute collecte naturelle des eaux provenant des versants et, d’autre part l’évacuation rapide des ruissellements.

 

Après de violents orages, Saillancourt pourrait ressembler à la vallée de Tewkesbury Abbey. On remarquera toutefois sur cette photo prise en Angleterre, que l’habitat est concentré sur le point haut topographique, signe que les inondations sont un phénomène séculaire connu des anciens et pris en compte dans le plan d’occupation des sols.

 

 Saillancourt - 5 - 5 - Inondation Tewkesbury Abbey

 

Etant donné la gravité du risque, son importance, son intensité, et la vulnérabilité spécifique de Saillancourt, que précise le plan de prévision des risques naturels (PPR)  au niveau de notre hameau fonction du ru sous buse qui ne peut plus jouer son rôle naturel de collecteur des eaux de ruissellement ? Je vous remercie des informations que vous pourrez m’apporter et reste à votre disposition pour évoquer ce sujet sensible qui a une probabilité croissante selon les météorologues.

 

12 janvier 2011

« Le principe de précaution devrait amener à une plus grande vigilance dans la délivrance des permis de construire ».

La reconnaissance du risque et sa gestion est de la responsabilité municipale qui a pouvoir d’engager par ses décisions et ses choix l’avenir et la sécurité des habitants. La couverture du ru a confisqué à ce dernier son rôle naturel de collecte et d’évacuation des eaux de ruissellements mettant en position délicate, sinon dangereuse temporairement et épisodiquement, les habitants de la place et de la rue de la vallée.

A première vue il semble que la longueur du tubage (de l’ordre d’un kilomètre !) soit à remettre en cause, ainsi que le diamètre, le curage, l’accès et la visibilité.

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Urbanisation de Saillancourt  : un contexte particulier

-          une nappe phréatique à la base du Cuisien (couche e4),

-          une couche imperméable dite des argiles plastiques du Sparnacien (couche e3),

-          un hameau situé à la terminaison péri-anticlinale de la structure de Vigny (la charnière de l’anticlinal) avec une topographie en cuvette étroite particulièrement visible dans la descente de la rue de la Goupillère.

Les fondations des constructions du hameau de Saillancourt reposent sur cette couche d’argiles plastiques, si l’on excepte l’allée des Plantes située sur le Cuisien. Un peu plus au Nord, l’implantation du hameau ancien du Grand Mesnil est identique.

Cette situation géologique a des conséquences qu’il faut accepter et dont certains habitants peuvent parler concrètement pour les avoir vécues, une ou plusieurs fois par le passé.

A Saillancourt en effet, du fait de terrains saturés en permanence, incapables d’absorber les eaux de ruissellement, le risque d’inondation se révèle bien réel et s’accentue à proximité du ru, surtout depuis son tubage dans les années 1970 (insuffisance de débit lors des forts orages).

Si pendant des siècles, la ligne de source, à la limite du Cuisien et des argiles plastiques du Sparnacien a été un lieu privilégié de vie, les bâtiments construits en zones à risques étaient jusqu’à présent uniquement voués au matériel agricole.

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Le 15 avril 2012, Mr le Maire, Mme BOUDIN, Mr PAPILLON, Mr RICORDEAU

Suite à votre intervention à propos du Clos des Galets au Grand Mesnil, lors de notre rencontre du 7/04/2012, nous avons vérifié sa géo localisation sur la carte géologique au 1/50 000ème.

Nous vous confirmons que le lotissement est situé exactement à la limite de la nappe phréatique du Cuisien et des argiles plastiques du Sparnacien (imperméables), c’est-à-dire avec la même particularité que la rue de la Goupillère à Saillancourt.

Lors de la réunion du conseil municipal de 18 novembre 2011, vous avez évoqué les problèmes rencontrés par les habitants du Grand Mesnil à propos de l’assainissement des eaux pluviales de la résidence du Clos des Galets et, voté dans le même temps la création d’une SHON de 686 m2 rue de la Goupillère à Saillancourt, située aux mêmes limites de formations géologiques, c’est à dire avec la même impossibilité d’infiltration des eaux pluviales.

La similitude des contextes géologiques entre les deux habitats doit alerter les élus, car s’ajoute le risque de zone inondable à proximité du ru dans le cas de la rue de la Goupillère à Saillancourt. Ce risque a été bien identifié lors de la réalisation en juillet 2011 du dossier d’enquête relatif aux inondations. Comme vous le savez la hauteur d’eau était à cet endroit particulièrement importante en 1975 (0,8 à 1 mètre). Le prochain gros orage dans cette cuvette de Saillancourt aura les mêmes conséquences sur les personnes et les biens.

Veuillez agréer, Monsieur le Maire, Madame et Messieurs les élus, l’expression de nos salutations distinguées.

 PS : Les Argiles plastiques sont placées au niveau 4 (maximum) dans le classement relatif de susceptibilité des formations argileuses dans le Val d’Oise : Rapport final – BRGM/RP-52598-FR – Juillet 2004 - Cartographie de l’aléa retrait-gonflement des sols argileux dans le département du Val d’Oise.

Saillancourt - 5 - 6 

 

Dernière nouvelle : extrait du compte rendu du conseil municipal du jeudi 11 Octobre 2012 concernant le "Clos des Galets".

Question : en autorisant la construction de logements locatifs rue de la Goupillère dans les mêmes conditions de sol, de servitude, sans point de fuite sur le terrain, qui prendra en charge les frais de gestion des eaux pluviales lorsque les voisins seront inondés : le promoteur ou la collectivité de Sagy ?

 

Saillancourt - 5 - 7 - CR du conseil municipal 11 10 2012 

 

 Saillancourt - 5 - 8

 

Le 18 Avril 2012, Monsieur le Maire, Mme Boudin, Mr Papillon, Mr Ricordeau

Vous trouverez ci-dessous le courriel adressé aux membres du collectif de Saillancourt concernant le risque inondation à la limite des terrains Argiles Plastiques/nappe du Cuisien à proximité du ru, rue de la Goupillère.

Nous vous avions contactés à plusieurs reprises à propos de ce risque (cf. nos courriers du 10 janvier 2011, 12 janvier 2011, 28 février 2011), et pensions que l’enquête publique de juillet 2011 allait permettre à l’équipe municipale de prendre la mesure des risques touchant les personnes et les biens, relevant de sa responsabilité.

Recevez, Mr le Maire, Mme et Mrs les membres du conseil municipal, l’expression de nos salutations distinguées.

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RAPPORT « Public » SIRVAM, consultable en mairie de Sagy.

Page 39 : paragraphe 3.4.2 Busage de Saillancourt, 3.4.2.1. Redimensionnement du busage

« L’aménagement des sous-bassins versants 4, 5 et 6 vu dans le sous-chapitre précédent permettra d’écrêter et de retarder les pics de crue. Néanmoins, compte tenu de l’ordre de grandeur des débits et des volumes ruisselés générés par les 3 sous-bassins lors des pluies de projet étudiées (c.f. tableaux 3 et 4), ces dispositifs ne sauront résoudre à eux seuls les problèmes d’inondation lors des crues les plus fortes en amont du hameau de Saillancourt. D’autant plus que le ru de Saillancourt constitue également l’exutoire du bassin d’orage de Menucourt. Les apports d’origines multiples en période de pluie (bassin d’orage de Menucourt, ruissellement sur les sous-bassins agricoles) sont donc à l’origine des inondations sur ce secteur. Par ailleurs, ce hameau, construit en partie dans le talweg du ru de Saillancourt est de fait exposé aux remontées de nappe ce qui semble être le principal facteur explicatif des désordres observés. »  (du fait de la présence de la nappe phréatique à la limite d’une couche imperméable d’Argiles plastiques il n’y a pas d’infiltrations souterraines).

Page 40 : paragraphe 3.4.2.2.

« Les débits de pointe exposés dans le tableau 6 correspondent à une situation extrême où tous les sous-bassins versant contribueraient en même temps et dans des proportions importantes à l’inondation de Saillancourt. Cette situation ne s’est produite réellement qu’une seule fois en un siècle. En effet, en 1972, 450 mm de pluies se sont abattus en quelques heures sur le secteur ce qui a engendré l’inondation du hameau sur 40 m de large et un mètre de profondeur. L’urbanisation n’était alors pas aussi développée qu’à l’heure actuelle et le busage n’existait pas. »

Ce paragraphe pose question. Il est bien connu dans les archives météorologiques que les 17, 18 et 19 juillet 1972 de violents orages se sont abattus sur l’ensemble du Val d’Oise. Mais la mémoire locale ne parle que de la journée du 8 juillet 1975, post busage.

 

Un témoignage à propos de l’orage du 8 juillet 1975 (dans l’enquête publique):

« … Ce jour là, le premier orage a eu lieu vers 17h00, il y en aura plusieurs dans la soirée.

… la montée de l’eau s’est faite dans un délai d’un quart d’heure, la rue de la Vallée étant devenue un lit de rivière charriant, boue, bois et pierres.

L’eau, vu le profil du terrain, recherchait le point le plus bas, ancien fossé du ru de Saillancourt busé quelques années auparavant, l’accumulation des eaux sur ce point provoquera l’effondrement du mur entre le 18 rue de la Vallée et la propriété du maire de l’époque M. IMBERT.

…. Je suis rentré au plus vite à mon domicile situé 24 rue de la Vallée, habitant l’angle de la rue de la Vallée et de la rue de la Goupillère l’eau était partout, pénétrant dans notre habitation par les fenêtres, les courants étaient trop importants, le flux d’eau majeur arrivant du haut de la rue de la Vallée (Menucourt) et prenant la direction de Sagy, mais l’orage et les chutes d’eau arrivaient de partout : côte de la Goupillère et rue du Charné, ces eaux propres à la commune ne pouvant s’évacuer, les eaux de Menucourt saturant déjà les évacuations.

Dans cette inondation nous avons perdu tout notre mobilier en rez-de-chaussée de notre habitation, notre hangar ateliers cave ont été dévastés, le portail d’entrée cassé par la pression de l’eau, les carrelages (tommettes) déstabilisés, les murs imbibés d’eau.

Entre 21h00 et 22h00 le passage de l’eau se terminait, il y avait un dépôt de boue de plus de 10cm partout, notre cave en niveau inférieur restait pleine d’eau. »

Dans ce témoignage, écrit le 10 juillet 2011, tout est dit : la rapidité de la catastrophe, un quart d’heure, l’orage ne dure que de 17h00 à 22h00 soit à peine 5h00 et pourtant que de malheur.

  

PLUSIEURS QUESTIONS SE POSENT :

  

On entend dire qu’il est impossible d’améliorer la sécurité des personnes et des biens des Saillancourtois pour des questions budgétaires, coût élevé d’une modification technique du redimensionnement du busage.

Délivrer des PC dans les zones inondables, revient à faire courir, en toute connaissance de cause, des risques aux futurs habitants de la commune, à leur insu.

Pour la sécurité et le respect de l’intérêt public, des mesures préventives sont à mettre en place  AVANT de densifier la population. L’INVERSE engage la responsabilité de la municipalité.

  

Lors du dernier orage, le 28 juillet 2012, à 2 heures du matin, au maximum de son intensité, je suis sorti rue de la Goupillère pour constater le processus d’écoulement des eaux de ruissellement depuis le haut de la rue de la Goupillère jusqu’à la rue de la Vallée (au n° 24). J’ai alors rencontré Mr le Maire de Sagy et Mr Papillon premier adjoint. J’ai constaté des défauts et insuffisances techniques illustrant l’incapacité du ru à absorber les eaux en raison de leur flux torrentiel s’écoulant dans les caniveaux (étant donné la vitesse, les trois quarts des eaux passent par-dessus la bouche de collecte du ru, sans s’y infiltrer). J’ai vu l’eau à la limite des rebords des bateaux trottoirs de part et d’autre du ru, et, côté aval, aux n°1, 3, 5 et 7 rue de la Goupillère, prête à inonder les propriétés en contrebas.

 La présence de Mr le Maire et du premier adjoint dans ces conditions de pluies battantes et à cette heure particulière de la nuit témoigne que le risque existe à chaque orage rue de la Goupillère pour toutes les habitations situées côté aval du ru, en contrebas de la voirie.

 

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Article de M. Sylvain Rode, professeur agrégé à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, qui enseigne la géographie humaine et poursuit ses recherches sur les problématiques de la territorialisation des politiques publiques d’aménagement et d’environnement, de l’intégration du risque d’inondation au sein des politiques d’aménagement des territoires et des relations entre la ville et l’eau.

  

Contrôler l’usage des sols dans un contexte de forte pression foncière, une gageure ? Une volonté étatique de contrôler l’urbanisation dans les zones inondables qui se heurte à de fortes résistances locales.

  

Le risque d’inondation concerne fortement le territoire français. Près de la moitié des 36 600 communes y sont totalement ou partiellement exposées.

En renouant avec des pratiques anciennes, il s’agit de « faire la part de l’eau » en restaurant des zones de débordement et de relever le défi d’un meilleur contrôle de l’usage des sols en zone inondable tout comme celui de la définition de nouveaux modes d’aménagement des espaces inondables.

Tenant compte de la fréquence des inondations et de la mobilité géographique des populations,  le risque se fait inexorablement plus improbable, plus lointain dans les mentalités collectives. La contrainte psychologique disparaît peu à peu, ne jouant plus son rôle de frein à l’occupation des espaces inondables.

 Face au constat des limites des mesures de protection et de l’augmentation continue de la vulnérabilité, le gouvernement français s’est efforcé de mettre en place à partir des années 1980 un dispositif réglementaire privilégiant la prévention, en s’efforçant notamment de réduire la vulnérabilité. Les Plans d’Exposition aux Risques naturels prévisibles (PER) ont été instaurés en 1982, mais ils ne sont pas parvenus à freiner l’urbanisation dans les espaces à risques, notamment faute d’une volonté politique suffisante. Aussi la loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l’environnement instaure-t-elle un nouvel outil, le Plan de Prévention des Risques naturels prévisibles (PPR). Il s’agit cette fois de se donner véritablement les moyens et la volonté politique de réglementer l’usage des sols dans les zones exposées aux risques naturels. Élaboré par les services de l’État, le PPR doit être intégré par les communes à leurs documents d’urbanisme et s’impose à toute personne publique ou privée. Les PPR distinguent – en théorie – deux types de zones : les zones rouges, les plus exposées, où les nouvelles constructions sont totalement interdites, et les zones bleues, où il est possible de construire en respectant certaines prescriptions.

Lorsqu’ils existent, les PPR contribuent à modérer la croissance urbaine en zone inondable, et donc à freiner l’accroissement de la vulnérabilité. Comme le souligne le Rapport sur l’environnement, « les communes dotées d’un plan de prévention antérieur à 2005 montrent une moindre extension de l’urbanisation en zone inondable entre 2000 et 2006 » (Commissariat général au développement durable, 2010). De fait, les PPR ont permis de limiter en partie l’implantation de nouvelles habitations ou activités en zone inondable.

Mais très souvent les permis de construire sont délivrés sans contrainte particulière, d’autant que les documents locaux d’urbanisme sont des POS anciens ne prenant pas en compte les risques. Rien ne s’oppose alors à l’urbanisation de ces espaces exposés au risque d’inondation.

Pourtant, ces mesures nationales de prévention des risques naturels se heurtent à de nombreuses difficultés d’application sur le terrain, comme l’a souligné le récent rapport de la mission interministérielle de retour d’expérience, d’évaluation et de propositions d’action constituée après la tempête Xynthia. Les différentes mesures préventives suscitent souvent une forte hostilité à l’échelle locale, tant de la part des pouvoirs publics locaux que des riverains. Aussi la couverture du territoire français par les PPR ne se fait-elle que lentement. De fait, la volonté de l’État de mieux prévenir les risques, notamment à travers un meilleur contrôle de l’usage des sols, est souvent perçue localement comme une contrainte inacceptable. La politique de prévention des inondations entre en contradiction avec la volonté des collectivités locales de privilégier leur développement économique et démographique. « Dans la plupart des villes satellites, la culture des élus reste celle de la croissance de la population. C’est une source de revenus, une source de pouvoir et d’influence ».

Soumis à une forte pression foncière, les communes voient d’un mauvais œil la réglementation restrictive qu’instaurent les PPR. C’est la conception même de ce que doit être l’avenir de leur commune qui est ainsi ébranlée par les PPR. L’application de ces documents, remettant en cause de nombreux projets d’aménagement et contraignant l’ensemble des politiques urbaines, se traduit donc par d’importants conflits lors desquels s’expriment davantage des intérêts particuliers qu’un projet urbain collectif.

Nombre d’élus locaux se sont ainsi efforcés d’user de leur entregent politique pour bénéficier de zonages plus cléments et pouvoir mener à bien des projets d’aménagement et de développement érigés en priorité de leur mandat.

Ces conflits entre les services de l’État et les collectivités locales témoignent de la difficulté pour les acteurs locaux d’accepter le passage d’une gestion de l’aléa grâce à des solutions techniques (construction de protection) à une gestion privilégiant désormais la réduction de la vulnérabilité. L’action sur l’aléa apparaît comme étant plus visible, plus concrète, plus scientifique et est donc perçue par les acteurs locaux comme plus efficace. En revanche, définir une politique de réduction de la vulnérabilité des biens et des personnes est plus complexe, tant les facteurs à prendre en compte sont nombreux. Les facteurs de vulnérabilité peuvent être économiques, sociaux, institutionnels, politiques voire territoriaux. Il s’agit donc désormais de repenser l’aménagement et le développement des territoires inondables de manière à prendre pleinement en compte les risques.

  

Conclusion

C’est donc bien le passage d’une stratégie de résistance à une stratégie de résilience qui est en jeu. La prévention est privilégiée, mais son efficacité demeure néanmoins tributaire de nombreuses résistances locales. C’est le cas pour la mise en œuvre des PPR, encore trop souvent perçus localement comme inutilement contraignants et bloquants, et donc très pénalisants pour les dynamiques démographiques et économiques des territoires locaux. Dans le contexte d’intense pression foncière qui caractérise nombre de communes, les maires sont soumis à de fortes pressions des promoteurs comme de leurs administrés, ce qui ne facilite pas la limitation des constructions en zone inondable.

 

 Saillancourt - 5 - 9

 

 

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  Saillancourt - 5 - 16

 

 

 Saillancourt - 5 - 17 - Sagy infos 7 juillet 2011

 

 

 

 Saillancourt - 5 - 18

 

 

 

 

Saillancourt - 5 - 19 - inondation 22 décembre 2012

 

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